vendredi 20 octobre 2023

Le curé est de mauvaise humeur

Un conseil °exceptionnel° est convoqué le lundi 20 avril 1643 par le Premier consul, catholique (V° Brozer - peu d'habitants y sont présents et nominativement cités, presque tous catholiques), qui présente lui-même le seul point de l'ordre du jour :
"Le sieur Robert, prêtre et curé du présent lieu, se plaint qu'ayant fait crier les fêtes chômées ... néanmoins il n'empêche pas les habitants d'aller travailler aux champs quand bon leur semble ... pourvu que ne travaillent ni les femmes [ni] les filles par la suite ... car si on continue à faire ainsi il s'en plaindra à Justice & fera bailler des amendes à ceux qui travailleront les jours de fêtes".

(La Fête de Pâques était le dimanche 5 avril précédent. Pas assez de participant·e·s à la Messe et à la procession ?... Ou alors, seules les femmes °de la Religion° iraient-elles travailler aux champs ?... )

"Délibéré et arrêté par les assistants ... tous d'une commune voix & opinion ... que charge est donnée [au Second consul, °de la Religion°, nominativement désigné et absent du Conseil] qu'il prendra avec lui les habitants que bon lui semblera pour l'accompagner par le présent lieu pour avertir les femmes ... qu'elles travaillent dans leur maison aux fins de ne porter scandale [au curé]" et au cas où on trouverait des femmes "ayant été averties" en train de travailler aux champs, les consuls les "feront condamner à 20 sols d'amende ... aux pauvres du présent lieu".

 

mercredi 4 octobre 2023

Le jardin de la Baronne

Fin mai 1641, la Baronne (Françoise du Caylar de Saint-Bonnet de Toiras - 1608-1678) achète plusieurs jardins "à l'Aire Vieille" (en rouge sur l'illustration ci-contre). Usant de son statut, elle convainc le Second consul, devenu ainsi °son voisin de jardin°, de les faire arroser depuis le griffon de la Placette.
Ce griffon, construit en 1592 pour l'usage des habitants, est alimenté par la source de Fontanille (voir l'article du 14 juin 2018).

Las ! le griffon a vieilli ! Malgré plusieurs réparations et un entretien affermé par "prix-fait" (un entretien pas toujours très assidu de la part du fermier), le débit est faible et ne peut pas assurer cet arrosage.

La Baronne en a pleine conscience car, dans le même temps, elle suggère au Consul "d'envoyer quérir un maître fontainier qui est à la ville d'Anduze pour voir où est la faute des eaux qui découlent par le canal [...] de la source de la fontaine de Fontanille au Griffon ..."

Au conseil du 23 mai, un "expert" est dépêché à Anduze dès le lendemain. Le maître fontainier, venu au conseil du 27 mai muni de °ses références°, promet de "faire venir six fois plus d'eaux" ; il fournira et posera "les mourneaux" et la Communauté creusera le fossé nécessaire.
Pour ces travaux le fontainier demande 3 livres (≈ 77,50 €) par canne (≈ 2 m) ; le consul a proposé 1 livre 10 sols (la moitié) et la Baronne suggère de conclure à 2 livres par canne.
Après négociations, le consul annonce au conseil du 30 mai avoir conclu pour 600 livres (300 cannes à 2 livres ; ≈ 15 500 €) avec paiement de 150 livres avant le commencement des travaux. Les habitants approuvent et on demandera l'autorisation d'imposer cette somme.

Au conseil du 28 juillet suivant, après que le maître fontainier se soit plaint à la Baronne de ne pas avoir été payé et que rien n'ait été commencé, on décide d'envoyer à celle-ci un député pour prendre son avis sur la façon d'opérer et en obtenir un prêt.
Mais la Baronne ne prête rien et recommande au Consul d'employer °la manière forte° (sanction financière pour les défaillants) pour faire travailler "habitants et manants demeurant au présent lieu".
Au conseil général du 4 août, les habitants décident de "bailler le travail à prix fait". Le 11 août, ils chargent le collecteur d'impôts d'emprunter les 150 livres pour payer le maître fontainier ; mais faute d'argent trouvé pour le prix-fait, ils décident que le fossé sera creusé par "les habitants et manants", chacun "pour sa portion", suus peine financière de 12 sols (≈ 15,50 €) par jour de défaillance.

Au conseil du 5 mai 1642, le maître fontainier demande le paiement du solde qui lui est dû (450 livres) après achèvement des travaux.
Mais les habitants décident de ne lui en payer °présentement° que la moitié, en attendant la vérification que le travail est "bien et dûment fait", le mesurage de la longueur de "mourneaux" réellement posés et la désignation par le fontainier d'une caution "dans le présent lieu" pour le contrat de prix-fait pour l'entretien du griffon pendant 5 années.
Au conseil du 7 août 1642, le maître fontainier n'est toujours pas payé et menace la Communauté d'un procès. Un procès de plus pour défaut de paiement ... Et une autre histoire ...


La maison du jardinier de la Baronne

Début avril 1642 (V° Brozer), la Baronne informe le Second consul "qu'elle veut acheter la maison Massip de la Placette pour son jardinier et que dans icelle elle veut que le canal du vez du Griffon passe dudit Griffon pour aller dans ladite maison pour aller dans un réservoir qu'elle veut faire dans le jardin de ladite maison ..." (ci-contre, l'une des deux maisons teintées en rouge ... pour le jardinier ... et pas pour le Marquis comme l'ont écrit des *Historiens Anciens de Calvisson* ...).
L'achat sera conclu devant le notaire Pierre de Fabrique et le changement trancrit au compoix en mars 1644.

Dans le même temps, les habitants décident d'acheter la cour de cette maison pour y "mettre [au griffon] des pilles pour abreuver le bétail".
Puis, dès le début du mois de mai 1642, après avoir reçu une °lettre comminatoire° de la Baronne, ils travailleront à la construction du réservoir. En août 1643, le canal du Griffon au jardin est fait mais le réservoir n'est pas encore achevé.

À suivre