mardi 31 mars 2020

Il était une première fois, Calvisson

Actualisé au 3 novembre 2021

Deux historiens de la Vaunage, également émérites à mes yeux (Eugène Germer-Durand, Membre de l'Académie de Nîmes, en 1875, et Jean-Marc Roger, Grand Apôtre des ✶Historiens Anciens de Calvisson✶, en 1987) s'accordent pour trouver la première apparition d'un nom ressemblant à "Calvisson" dans une charte (acte juridique) figurant dans le Cartulaire de la Cathédrale de Nîmes : in terminium calvitione, "dans le territoire de calvitio" (à l'époque, quand on sait écrire, on le fait en latin... "médiéval", bien différent du latin "classique"...).

Une charte non datée, mais rédigée "régnant Philippe [1er] roi [des Francs]", ce qui permet de la situer entre 1067 et 1108 (une amplitude de 41 ans... quand même...). E. G.-D. réduit la période à 1080-1096 en raison de la mention du nom de Pierre Guy, alors prévôt du Chapitre.

Dans cette charte, Bernardus Gadagnola donne au Chapitre de Nîmes une terre, sise au lieu-dit Planterio-Guigone [Plantier-Guigon ?], qui confronte du nord un vallat [...] de l'ouest "la voie publique qui est usuelle depuis Coiran jusqu'à Bagnolum".
Sans autre précision... Et ainsi, à 100 ans de distance, ces deux érudits disputent de la localisation des points de départ et d'arrivée de ce chemin.

E. G.-D. situe Coiran aux portes de Nîmes, près du village de Saint-Cézaire. Or dans des chartes antérieures (982 et 1077), Coiran est situé in Valle Anagia, "dans la Vaunage". Cette extension de la Vaunage ne manque pas de m'interpeller...
J.-M. R. le situe au lieu-dit cadastral "Couyran" sur notre commune de Calvisson. En raison du contexte, j'opte pour cette localisation.

E. G.-D. mentionne dans nombre de ses écrits une "villa Bagnolum" qu'il situe près de l’actuel pont d'Arnia sur le Rhôny, existant déjà au temps des Romains et appelé "pont de Bagnoux" au 16è siècle, se trouvant jusque dans les années 1850 sur le "grand chemin de Nîmes à Sommières".
J.-M. R. préfère voir en "bagnolum" un lieu-dit cadastral "les Bagnolles", situé au nord-est du village de Saint-Côme. Mais on ne peut rejoindre ce lieu-dit qu'en traversant ledit village ; il n'y a pas, et il ne semble pas y avoir eu un jour, de chemin direct de Couyran aux Bagnolles.
Mais ... En novembre 1469, un acte notarié porte cession d'une "terre sise dans la dimerie de Calvisson au terroir al Banhol" ... puis au compoix diocésain de 1548 est parcouru par les "estimateurs" un quartier de Calvisson comportant de nombreuses parcelles, quartier qu'ils nomment "Bagniols", ou "Bagnioux", ou "Banioux", situé au bord du Rhôny au sud de la route allant de Sommières à Nîmes.
Pour cette raison, j'opte pour la localisation de E. G.-D.

On trouve sur le plan cadastral "Napoléon" de 1835 (le tableau d'assemblage), un chemin tout à fait "compatible", que j'ai surligné en rouge, chemin qui passe au bout d'un vallat (le vallat de Paillet) existant encore aujourd'hui, surligné en bleu.

On peut aussi reconstituer ce chemin sur une photographie aérienne du village aujourd'hui, ainsi que sur le plan cadastral actuel.

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Reste le nom "calvitio"... Les tenants de la doxa des ✶Historiens Anciens de Calvisson✶ y voient un héritage, déformé, du nom "Calvitius" ou "Calvicius" : un [descendant de] Romain qui aurait été, à quelque époque, propriétaire d'une "villa calvicium" dont je n'ai trouvé aucune mention.
Mais en vrai latin, il y a le mot "calvus" et ses dérivés "calvities" et "calvitium" qui peuvent tous être traduits par "chauve", "dénudé" ou "stérile".
Alors, Calvisson←Calvitio, le "territoire du (mont) chauve" ?