jeudi 14 juin 2018

Le Griffon de la Placette et le Fossé depuis la source de Fontanilles


Histoire de sa construction selon les délibérations des conseils consulaires de 1592

Source : registre des délibérations 1590-1592
 numérisé par l’association BROZER TÉLÉARCHIVES
transcrit en graphie, orthographe et grammaire actuelles


Conseil général du Dimanche 19 avril 1592 (p338 Brozer - p332 registre)
(p342-336) Consul MORTIER : […] s’est présenté un maître ingénieux fontainier qui promet de faire venir l’eau de Fontanilles jusqu’à la Placette pour y faire un beau griffon qui ferait un grand profit à la ville, pourvu qu’on lui donne la somme de 600 écus et il fournira tout.
[…] ayant fait rouvrir les voix […] le plus grand nombre a été de ceux qui trouvent fort bon que le dit griffon se fasse à la dite placette à la dépense de toute la communauté.
[…] sont députés pour faire marché avec le dit maître fontainier : … ».

Conseil du Vendredi 24 avril 1592 (p343 Brozer - p337 registre)
(p344-338) Consul MORTIER : […] s’est présenté un autre maître ingénieux fontainier qui promet de faire venir la dite eau de la dite Fontanilles à la dite Placette à meilleure condition que le premier […] il a demandé 400 écus, trois quintaux de fer et deux quintaux de plomb […] et si la ville veut faire le fossé qu’il conviendra de faire il les quitterait pour 300 écus, trois quintaux de fer et deux quintaux de plomb […]. Les quintaux font alors 100 livres, soit 48.95 kgs d'aujourd'hui.
Arrêté et conclu […] marché sera passé avec lui à la meilleure condition que les consuls pourront.

On peut déduire de ces deux délibérations qu’alors il n’y a pas de griffon sur la Placette, ni d’eau qui y arrive...

Conseil général du Dimanche 10 mai 1592 (p346 Brozer - p340 registre)
(p349-343) Arrêté et conclu […] pour faire le dit fossé [de Fontanilles au griffon], les consuls feront imposer six tailles. Ceux qui voudront aller travailler pour gagner leurs tailles le pourront. Cependant les consuls feront crier par voix de trompe qui voudra prendre à faire le fossé à la meilleure condition. Jehan Arnaud le marchand est nommé pour aviser, commander et conduire tous ceux qui voudront travailler […] il en fera rôle pour en rendre compte […] il aura, comme ceux qui travailleront au fossé, 12 souls par jour de travail.

Conseil du Mardi 12 mai 1592 (p350 Brozer - p344 registre)
(p351-345) Le fossé est déjà commencé : 40 canes environ sont faites.
Arrêté et conclu […] on continuera de le faire faire par les habitants comme il a été dit.
(p352-346) […] les consuls assisteront au dit fossé pour mieux faire travailler ceux qui y travailleront et ils auront 15 souls par jour qu’ils y vaqueront [...].

Conseil du Mercredi 10 juin 1592 (p361 Brozer - p355 registre)
(p362-356) Consul MORTIER : le maître fontainier se plaint, mettant en avant qu’il n’est pas obligé de bâtir tout le long du fossé comme on a déjà commencé de faire pour puis après y mettre les bourneaux.
Me Pierre MONTBANOUX, notaire qui a pris le contrat, en fait la lecture en séance même, en la présence du maître fontainier.
Ayant entendu la lecture, tous […] avec le maître fontainier, ensemble et d’un commun accord, ont arrêté et conclu que le maître fontainier continuera de maçonner et poser les bourneaux, en suivant la teneur du contrat.
Bourneau : élément de canalisation en terre cuite → l’assemblage des bourneaux constitue la canalisation… de quoi établir que la canalisation n’est pas un fossé à ciel ouvert ?!
(p363-357) Et pour le regard de la ruine (les dégâts causés par les travaux du fossé) qui est faite en aucunes aires, les consuls la feront tourner redresser le plus tôt qu’ils pourront Et pour ce faire ils prendront les maçons du présent lieu pour les faire travailler au dit fossé et à la dite ruine. Et y seront contraints les dits massons d’y travailler sous peine de vuider (?) hors de la ville.
Consul MORTIER : Mre Jehan GILLY lui a fait faire commandement de ne plus travailler ni faire travailler au dit fossé et lui a fait donner assignation à Nîmes.
Arrêté et conclu […] l’un des consuls ira à Nîmes pour se présenter et faire tenir l’assignation. Et poursuivront le dit procès à la dépense de la communauté.

Conseil du Mercredi 22 juillet 1592 (p374 Brozer - p368 registre)
(p376-370) Consul MORTIER : le maître fontainier a requis les consuls de vouloir faire retourner travailler au fossé car il voudrait achever de faire ce qu’il a promis de faire.
Arrêté et conclu […] les consuls lui remontreront qu’il ait un peu de patience jusques la présente semaine et la prochaine soient passées.

Conseil du Dimanche 2 août 1592 (p376 Brozer - p370 registre)
(p377-371) Arrêté et conclu […] les consuls feront imposer 50 livres pour le fer et le plomb qu’il faut acheter pour le griffon […]
Ont arrêté que les consuls bailleront au maître fontainier la somme de 100 livres qu’ils prendront des exacteurs du présent lieu qui sont Pierre FERUIL et Jehan ARNAUD.

Conseil général du Dimanche 23 août 1592 (p384 Brozer - p378 registre)
(p385-379) Consul MORTIER : Michel REBOUL Jeune de Bizac a fait donner assignation aux consuls pour raison du chafre que le maître fontainier prend pour le griffon.
« Chafre » : voir le billet suivant, du 20 août 2018.
Arrêté et conclu […] les consuls se présenteront et défendront. Et néanmoins le dit maître fontainier continuera de prendre du dit chafre autant que lui sera besoin pour le dit griffon.

Conseil général du Dimanche 13 septembre 1592 (p387 Brozer - p381 registre)
(p390-384) Consul Mortier : le griffon est presque achevé, reste maintenant de savoir si on prendra l’eau de la dite fons de Fontanilles à savoir du ruisseau qui sort de la dite fons ou si on percera la dite fons.
Arrêté et conclu […] qu’on prendra la dite eau de la dite fons au dire de bons maîtres et que le tout soit à l’avantage du dit griffon et au profit de la ville et sera la dite fontaine fermée afin que personne n’y jettent pierres ni autres choses et que n’y mettent aucun empêchement.

Conseil du Dimanche 4 octobre 1592 (p393 Brozer - p387 registre)
(p396-390) Et ici étant Jehan MOULZ le maître fontainier [veut savoir] s’il percera la source de Fontanilles pour prendre l’eau ou s’il faudra la prendre au petit ruisseau qui sort […] d’autant que le griffon était déjà parachevé.
Arrêté et conclu […] que aujourd’hui même après dîner les consuls et les assistants au conseil accompagnés du maître fontainier et des autres maîtres maçons du présent lieu s’achemineront jusques à la dite fontaine pour aviser.
Après dîner environ midi […] les consuls se sont acheminés à la fontaine avec [longue liste d’habitants avec leurs qualités] [...] ici étant tous assemblés […] après [avoir] longtemps avisé, discuté et débattu d’un côté et d’autre […] ayant fait rouvrir les voix ils on été tous d’avis que la fontaine fut percée, hormis le consul VALZ et le maître fontainier qui a pris son niveau au petit ruisseau sortant de la fontaine. Les autres ont dit que pour le profit du griffon il était nécessaire que la fontaine fut percée car si on prenait l’eau du petit ruisseau les bourneaux seraient sujets de recevoir des fanges et ordures. Et même on y pourrait facilement mettre empêchement.
Par quoi tous ensemble ont arrêté et conclu que pour le profit du dit griffon on percera la fontaine et les bourneaux y seront attachés pour prendre l’eau par le dit pertuis.
Ont arrêté aussi que la dite fontaine sera fermée et bouchée bien et durement afin que personne n’y puisse jeter pierres ni ordures ni vilenies qui ne puisse empêcher ni infecter l’eau de la dite fontaine. Et qu’on fera une petite fenêtre par dessus la dite fontaine à laquelle on fichera et attachera deux petites barres de fer en croix afin que l’eau de la dite fontaine haleine et prenne l’air.
La décision de construire le petit bâtiment qui protège la source aujourd’hui encore !?

Conseil du Mardi 6 octobre 1592 (p398 Brozer - p392 registre)
(p399-393) Consul VALZ : quelques uns lui auraient reproché qu’il ne devrait point mettre les flourdelis (les fleurs de lis !?) qui sont les marques et armoiries du présent lieu de Calvisson au griffon qu’on a fait.
Tous ont aloune (?) et approuvé, alounent (?) et approuvent ce que le dit consul VALZ a fait au dit griffon touchant les dites armoiries.
Item plus a remontré aussi le consul Mortier comme un nommé (espace non rempli) aurait ôté une grande pierre qui était dessus le fossé dans lequel sont les bourneaux du griffon qui pourrait porter dommage aux dits bourneaux et aussi au dit griffon.
Nouveau témoignage permettant de confirmer que le fossé est une canalisation soigneusement maçonnée et couverte de pierres et n’est pas à ciel ouvert.
Arrêté et conclu […] que s’il y a personne qui fait rien (= quelque chose) contre les dits bourneaux ni contre le dit griffon que messieurs les consuls le fassent bien punir par justice. Et que au prochain conseil général qui se tiendra que messieurs les consuls le proposent devant toute l’assemblée de tout le conseil afin qu’au dit conseil s’y fasse une bonne règle contre ceux qui feront aucun empêchement au dit griffon.

Conseil général du Dimanche 18 octobre 1592 (p400 Brozer - p394 registre)
Consul MORTIER : le maître fontainier a requis les consuls le vouloir payer vu qu’il a achevé de faire le griffon.
Arrêté et conclu […] que combien que le dit griffon soit achevé qu’il ne sera point payé d’un an et un jour pour voir qu’est-ce que fera le dit griffon, vu aussi qu’il n’a point baillé plege (un plege est une personne se portant caution - merci Brozer !) suivant la teneur de son contrat.

Conseil général du Dimanche 15 novembre 1592 (p413 Brozer - p407 registre)
(p414-408) Consul MORTIER : Mre Jehan MOULZ, le maître fontainier, a achevé son prix fait du griffon, remontrant qu’il aurait fait grande perte en faisant le dit griffon à cause qu’il lui a fallu louer bien chèrement les maçons et autres ouvriers qui ont travaillé au dit griffon, à cause aussi qu’il ne pouvait travailler au dit griffon au temps de l’été ni au temps des vendanges, parce que le fossé que les habitants devaient faire n’était point fait ; que lui est un grand intérêt et dommage, le dit MOULZ priant les consuls le vouloir remontrer au conseil et que les dits assistants y aient égard.
Ayant entendu la proposition […] arrêté et conclu que la ville donnera au dit Mre Jehan MOULZ la somme de 50 livres pour la perte qu’il pourrait avoir faite en faisant le dit griffon ou pour ses dommages et intérêts. Avec pacte et condition qu’il n’aura point les dites 50 livres avant que un an et un jour ne soit passé pour tenir le dit griffon droit et entier selon la teneur de son contrat, mais pour le regard de ce que la ville lui pourrait devoir pour le regard de son contrat messieurs les consuls lui feront payer présentement.
Ont arrêté aussi que messieurs les consuls feront travailler demain au premier a l’entour de la tine (le regard?) du griffon pour puis après la calader (la paver).

Rien d’autre en 1592