samedi 25 novembre 2023

Chasse interdite

En 1646, le "Seigneur Marquis de Calvisson" a °fait crier° qu'il défend aux habitants "d'aller à la chasse de la perdrix & des conils (= des lapins)".

°Faire crier°, c'est alors la méthode d'information °officielle° de la population.
Ordinairement, on fait crier °en place publique°.
Quand nécessaire, on fait crier "à voix de trompe ... par tous les coins et carrefours du présent lieu".
Ainsi, °les habitants et manants ("étrangers" qui résident dans la Ville et n'en sont pas "habitants")° ne peuvent ignorer l'information officielle.

Mais il y a des récalcitrants, "plusieurs habitants qui se hatent d'aller à la chasse ... ce qui pourrait apporter du dommage à tout le public si ledit Seigneur le savait" .

Alors, en conseil général le 18 novembre 1646 (V° Brozer) sur *représentation* faite par le Viguier, "pour témoigner audit Seigneur Marquis comme tous les habitants n'agréent pas que lesdits chasseurs aillent à la chasse des perdrix & conils" charge est donnée au Second consul et à huit conseillers nommément désignés, "avec l'assistance du Sieur Viguier [de] s'acheminer aux maisons de ceux ... qui vont à la chasse ... pour leur faire rendre leur arquebuse et [la] mettre dans la Maison de Ville, avec défense à iceux de ne plus dorénavant retourner à la chasse, sous les peines portées par la défense déjà faite de l'autorité dudit Seigneur Marquis".

 

vendredi 10 novembre 2023

Quand on fit couvrir la place

Au conseil général du 8 octobre 1645, après que le Second consul ait été interpellé par le Marquis sur le développement des marchés réactivés depuis 1642, les habitants décident de "faire couvrir, ou y faire le bâtiment nécessaire, la place achetée pour y mettre les mesures et autres choses servant à faire valoir les marchés" (V° Brozer).
Ledit Consul et le Viguier sont chargés "de prendre avec eux les habitants que bon leur semblera pour voir en quelle forme faudra faire [puis de] bailler à priffait à celui qui en fera la meilleure offre et condition".

Les candidats sont peu nombreux ... À l'issue de trois criées une seule offre a été reçue pour "couvrir et accommoder la place", pour le prix global de 600 livres (≈ 15 000 €).
Suite à une quatrième criée, c'est finalement la proposition du notaire, et membre du conseil politique, Jean Jaumeton qui est acceptée (je n'ai pas trouvé pour quel prix) ; et pour 30 livres de plus, il fera bâtir un arc en pierre pour supporter la toiture au lieu d'une poutre en bois.

L'ouuvrage avance ... jusqu'à poser les tuiles en avril 1646. Pour ce faire, on "emploiera les tuiles vieilles des maisons [démolies] dans à présent ladite place y est construite" ... et on n'enverra "quérir et acheter [que] celles qui y défaudront".
De plus, on fera "bailler à priffait le grudement (vraisemblablement un enduit à la chaux) des murailles à ceux qui en feront la meilleure offre". Un maçon d'Aigues-Vives prendra l'ouvrage pour le prix de 30 livres.

La construction est achevée fin mai 1646. Le Second consul est alors chargé de "voir et vérifier si ledit Me Jaumeton a fait la besogne suivant & conformément à son contrat de priffait et au cas où il aurait satisfait de la recevoir".

Début septembre 1646, pour payer "ceux qui ont vendu le plat fond de la place et ceux qui ont pris à priffait pour la couvrir et autres choses y nécessaires", on demande à "la Souveraine cour de Nosseigneurs des Comptes, Aides & Finances de Montpellier" l'autorisation d'imposer la somme de 1 000 livres (≈ 23 000 €) ou davantage.

Est-ce le coût total de la construction de cette halle ? Un bâtiment solide, qui aura été présent pendant quelques 250 ans (les superficies sont quasiment identiques au compoix de 1664 et au cadastre Napoléon de 1835). Mais a-t-il été utilisé pendant toutes ces années ?