mercredi 20 septembre 2017

Le fossé de Fontanilles au griffon de la Placette

Par où passait-il ? Voire, par où passe-t-il ? puisque l'on dit qu'il suit le même trajet depuis la construction du premier griffon sur la place aujourd'hui du Docteur Farel.

Entrepris en mai 1592 par les habitants à qui les consuls avaient imposé six tailles (six fois la "valeur cadastrale" de leurs propriétés, telle qu'elle figurait alors au compoix de la ville) payables en argent ou en journées de travail, il semble avoir été achevé en novembre 1592.

Il fut arpenté le 23 novembre 1593 par Jehan BENEZET, "harpenteur de Calvisson", et ont assisté au dit arpentage les consuls Bertrand VIDAL et Dournin VALX ainsi que le maître fontainier Jehan MOULTZ. Le relevé fut transcrit par Anthoine BONNET, secrétaire du conseil.
Le tout "pour sauvir la ou sont pausees tant les tines vidabandous que alenadous. Comme seront cy apres definies afin quil en soit memoyre a tous ceux quil appartiendra."

Les "tines", ce sont des petits tonneaux ou des cuves ; je présume qu'aujourd'hui on parlerait de "regard de raccordement" ou "de dérivation".
Pour "alenadou", je pense à l'ancien verbe languedocien "alena" = respirer. En provençal (dictionnaire du Félibrige), c'est un soupirail. Alors, un regard qui permettrait à la conduite de "respirer" et favoriser l'écoulement de l'eau ?
Quant à "vidabandou", ça me fait penser au verbe "vidaba" = vomir. Peut-être un regard de vidange, pour pouvoir nettoyer la conduite.

Le fossé part donc de Fontanilles. 86 canes et 5 pans (171 m et quelques cm) plus loin, il coupe "la carriere de bas le couchant qui va au pont de pairan" (vraisemblablement le chemin de l'Escatte).

46 canes plus loin (93 m), un vidaubadou joint "la rue qui va a las peyrieres" (l'actuelle route de Saint-Étienne-d'Escattes ?).

On retrouve l'emplacement de ces "regards", ainsi que d'autres installés sur des propriétés privées, sur le plan d'alignement des rues de la commune arrêté en 1871 par le préfet du Gard.

Puis environ 36 canes plus loin (72 m), il traverse "la carriere venant de Paloquine" (la rue Paloquine d'aujourd'hui ?).

Puis le fossé "joint la carriere de florant, passant tout le long de la rue le long des maisons" et 140 m plus loin, "traversant la carriere qui vient de Paloquine" (la rue des Garrigues aujourd'hui vraisemblablement), il continue son trajet "passant le long de la carrière pres des maisons basses (jusqu'au) canton de la maison de Jehan de Saint-Jan confrontant la placete".
Nous sommes à 554 m de la source ... après être passés dans ... quelle rue aujourd'hui : la rue des Fontaines ou la rue Baratier ? Il y a un problème de nivellement à examiner, que le maître fontainier avait alors su résoudre.

Puis, 12 canes (24 m) plus loin, le fossé est arrivé à "la chandelle du griffon". Nous sommes à environ 580 m de la source de Fontanilles. 

mercredi 6 septembre 2017

Le griffon de la placette

Au conseil consulaire du dimanche 19 avril 1592 est entendue la proposition faite par un "maistre ingenyeux fontanyer qui promet de faire venir l'eau de fontanilles jusques a la placete pour illi faire un beau griffon qui ferait grand profit à la ville" ; le tout pour 600 écus, tout fourni et compris.
La proposition est acceptée et des députés sont nommés pour faire marché aux meilleures conditions.

Au conseil du vendredi 24 avril 1592 est rapporté qu'un autre "maistre ingenieux fontanyer" s'est présenté pour offrir la même "œuvre" mais "a meilleure condition que le premier", soit "400 écus trois quintaulx* ferre et deux quintaulx plomb. Ou bien si la ville voulait faire la fousse que conviendra faire il les quitterait (tiendrait quittes) pour 300 écus trois quintaulx ferre et deux quintaulx plomb".
*quintaux d'alors valant 100 livres, soit un peu moins de 50 kilogrammes.

Celui-ci est retenu pour "faire marché à la meilleure condition". Le contrat sera transcrit par le notaire royal Montbanoux.

Au conseil du dimanche 10 mai 1592 est arrêté que pour faire le fossé, les consuls feront imposer six tailles. Et "ceux qui voudront aller travailler audit fossé pour gaigner leur taille y pourront aller". Sinon, ceux qui travailleront audit fossé auront 12 sous par jour.

Au conseil du 4 octobre 1592, on dispute (c'est bien le mot) de la façon de raccorder le fossé à la source de Fontanilles.
Ce sera l'objet d'un prochain billet.

Au conseil du 15 novembre 1592, le griffon semble achevé.
Mais le maître fontainier se plaint d'avoir fait grande perte à cause des maçons et autres ouvriers et des habitants qui n'ont pas travaillé tout le temps qu'il aurait fallu.
Aussi la ville lui donnera 50 écus pour dommages et intérêts ... somme "quil naura point que un an  et vingt jours ne soit passe pour tenir le dict griffon droit et entier" ...

L'arpentage du fossé sera fait le 23 novembre 1593.
Ce sera pour un prochain billet