mercredi 22 mars 2023

Badauderies - La place du Pont

Aujourd’hui centre du village, autrefois "hors la ville", la place du Pont (appellation locale des trois places [Général de Gaulle, Mireïo et Marquis de Baroncelli] qui composent l’ensemble) ne fut habitée qu’au début du 19è siècle, quand le besoin d’espace et de clarté anima les Calvissonnais, les plus aisés d’abord. Pour tous les habitants, la place devint le lieu où l'on allait, où l'on "descendait", pour se promener et faire des rencontres.
Ce n’était auparavant qu’un vaste ensemble de jardins, bordés par la rivière et ses moulins, où seuls se détachaient l’église Saint-Saturnin, son cimetière et quelques bâtiments en dépendant.
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1 - La Maison Margarot
Un bâtiment construit dans les années 1780, à l’emplacement du moulin à huile "des pauvres de l’hôpital" de 1590, que Vincent Granier, très riche propriétaire et entrepreneur, avait acquis en 1769.
Une "fabrique" ? d’eau-de-vie ? de bas ? de bonneterie ? Au cadastre Napoléon et depuis, c’est un immeuble d’habitation, "hôtel particulier" ayant appartenu à plusieurs personnages importants pour la Ville.
Le pont-jardin sur la rivière, clos de sa grille en fer forgé, fut établi vers 1845-1850 par Auguste Maroger, maire et alors propriétaire de la maison (voir le monogramme au-dessus du portail d'accès au jardin).
2 - La Maison du Peuple
Dans l'aile gauche, face à la Maison Margarot, de ce bâtiment totalement (et funestement...) remanié en 2012 (fusion de plusieurs immeubles anciens, construits vers 1600, et surélévation d'un troisième étage), Hubert Rouger, homme politique important pour le Gard dans les années 1900-1950, natif de Calvisson, avait établi en 1897 une coopérative avec caisse de secours mutuel.
On dit que les adhérents s'y réunissaient aussi ("autour d'un verre" ?) pour des "cambrassos" (chambrée, ou cercle populaire, en provençal), des réunions philosophiques et politiques très "socialisantes".
La Maison du Peuple en 1910
3 - Le lavoir du Pont
Voir l'article du 16 janvier 2023
Le lavoir du Pont
4 - Le moulin du Pont
Voir l'article du 14 juin 2022
Le moulin du Pont et sa légende
5 - Le griffon du Pont
Cette fontaine fut construite en 1855 à la demande des habitants qui se plaignaient du manque d'eau "pour boire".
Alimentée dès sa construction par le réseau de Fontanille et alors installée au centre de la place (le rond central), elle fut transportée ici en 1895 (le "podium" en béton qui la cerne date de 2005).
6 - La Maison du Boutis
Un bâtiment municipal aux volets trop souvent fermés, hélas !..., abritant un musée où sont, parfois, visibles des chefs d’œuvre des 18è et 19è siècles et la réédition d'une tenture du 14è siècle (le Tristan Quilt).
Le boutis est une technique ancienne de piquage du tissu, très en faveur en Basse Occitanie (Languedoc et Provence).
Le cadastre Napoléon mentionne à cet emplacement une fabrique de linge, antérieure au bâtiment visible aujourd'hui.
7 - "Le Couvent"
Une appellation d'origine inconnue pour ce bâtiment construit par le Chapitre de Nîmes vers l'an 1700 pour la gestion des biens provenant de la dîme.
Voir l'article du 15 mars 2023
"Le Couvent" ... une appellation non contrôlée
8 - L'église Saint-Saturnin
Voir l'article du 8 février 2022
L'église Saint-Saturnin au fil des ans


9 - Le cimetière médiéval
(emplacement approximatif)
10 - La Promenade des Pins
Un espace convivial inauguré le jour de l'été 2016, aménagé pour rassembler toutes les générations, qui a retrouvé son nom de l'année 1902, lorsque des pins ont été plantés (ils étaient alors beaucoup plus nombreux) sur l'emplacement de cet ancien cimetière (≈1710 → ≈1863).
Au fond, le Foyer communal, de style "Art-Déco", construit en 1934-35 selon les plans de l'architecte Henri Floutier, bien connu localement.
De 1935 à 1991, les courses de taureaux (camarguaises) se déroulaient ici pour chaque fête votive. D'abord entre charrettes et tonneaux puis devant des gradins en bois, enfin devant des gradins métalliques. La catastrophe du stade de Furiani, en mai 1992, signa leur disparition.
Une course de taureaux en 1908
Une course de taureaux en 1938

mercredi 15 mars 2023

"Le Couvent" ... une appellation non contrôlée ...

Pendant les 15ème et 16ème siécles, c'est avéré pour notre paroisse (V° Monographies Paroissiales, par l'Abbé Goiffon - 1893 - p. 319), il y avait un prieur (par ailleurs chanoine-vestiaire de la Cathédrale de Nîmes)) attaché à l'église Saint-Saturnin ; un prieur, titulaire donc du bénéfice d'un prieuré. Mais je n'ai pas trouvé trace d'un bâtiment qui aurait abrité l'un ni l'autre.
Selon les *Historiens Anciens de Calvisson*, il aurait existé en outre, du 11ème au 15ème siècle, "un couvent avec cloître", bâtiments quasiment accolés à cette église Saint-Saturnin. Mais ...

Aux compoix, tant diocésain de 1548 que consulaires de 1588 et 1664, on ne trouve aucune mention de "pièces" (les "parcelles" dans les cadastres modernes) qui auraient confronté un couvent ; on trouve seulement certaines pièces confrontant "le temple" (l'église), d'autres confrontant "le cimetière" et d'autres encore "la dominicature" (terre appartenant au seigneur du lieu ou à l'Église).
Et les visites épiscopales de 1674 (J.-J. Séguier) et de 1694 (E. Fléchier) ne font aucune mention de bâtiments ni de religieux ayant pu ni pouvant appartenir à un "couvent".
Alors ... une légende (parmi d'autres ...) ?

On trouve la première mention du mot "couvent" dans l'article 18 d'un "bail de plusieurs travaux" passé par la communaauté en septembre 1760 (V° Brozer) : "[faire] un empierrement depuis ... le parvis [de l'église] jusqu'au coin du couvent ... du côté du nord".
Puis, en septembre 1790, le "Conseil général de la Commune" décide, pour remplacer l'immeuble de caserne de la rue de la Tranchée, "susceptible de réparations très considérables et mal situé, [de] faire l'acquisition d'une maison, appelée le Couvent, qui a servi jusqu'à ce jour à l'entrepôt de la dîme, ... également l'aire et le terrain attenant [qui] serait à l'usage de la Commune pour fouler et battre le grain, ... à servir de promenade publique et à exercer la Garde Nationale, ... que cette maison dite le Couvent appartenant ci-devant au Chapitre de Nîmes ...".

La commune, représentée par son maire André Renouard, achètera le 15 décembre 1791, comme "bien national de première origine" (bien du clergé), cette maison appelée "le couvent", mesurant environ 50 dextres (≈ 1 000 m²), l'aire et la terre y attachées, mesurant 166 dextres (≈ 3 320 m²), le tout pour 7 575 livres (≈ 125 500 €) - [V° L'aliénation des biens nationaux dans le Gard, par François Rouvière - 1900 - p. 154].
Ces biens seront "arrentés" (= donnés en location) *à la découpe* le 14 octobre 1792, à 6 occupants différents, tous de Calvisson, pour un total de 190 livres (≈ 3 300 €) par an.
Puis le 22 septembre 1794, les 6 "cuves"(1) présentes dans le bâtiment seront vendues à des citoyens de Calvisson pour un prix total de 884 livres (≈ 15 000 €) en assignats, mandats et quittances.
(1) Les cuves contenaient au total 146 muids ; mais difficile, voire impossible, de convertir en mesures d'aujourd'hui : le muid était de valeur différente selon le contenu, liquide (vin, ou huile) ou solide (blé, ou avoine, ou autre que des grains).

La commune sera contrainte par "le Directoire du District" de revendre la maison ; après enchères, elle sera adjugée le 6 septembre 1795 (20 fructidor An III) à Jean Penot, pour la somme de ... 224 000 livres (≈ 3 700 000 € - ibid. - p. 302).

Jean Penot époux Domergue (le même ? le fils du précédent ?) est propriétaire de l'immeuble au cadastre Napoléon (1840). Au début du 20è siècle, cet immeuble abrite la brigade de Gendarmerie.
Plus tard, de nouveau propriété de la commune, il sera le siège de la Police municipale au rez-de-chaussée ... et d'une antenne de centre médico-social au 1er étage.
Aujourd'hui, il abrite deux restaurants (revitalisation du centre-ville) et des salles municipales.

vendredi 3 mars 2023

Des embarras dans les rues de la Ville

"Le corps municipal journellement témoin des embarras causés dans les rues de cette Ville par les voitures, charrettes, échoppes, tonneaux, pièces de bois, fumiers & autres objets que plusieurs citoyens sont dans l'habitude d'y laisser séjourner sans les ranger, au moins de manière à ce que la liberté de la voie publique n'en soit aucunement incommodée, & ces encombrements étant autant de contraventions aux réglements de police qu'il est du devoir de l'administration municipale de faire cesser
[...] tous les citoyens seront avertis par affiche & publication d'enlever & supprimer ... dans les rues, quais, places et voies publiques de cette ville à peine d'être poursuivis & jugés au tribunal de police comme réfractaires aux lois ;
[...] mande aux commissaires de police de tenir la main à l'exécution du présent arrêté en dressant exactement des rapports de toutes les contraventions qu'ils remarqueront [...]"

Décision du Conseil municipal du 2 mai 1792. Déjà ... 😉