Fin mai 1641, la Baronne (Françoise du Caylar de Saint-Bonnet de Toiras - 1608-1678) achète plusieurs jardins "à l'Aire Vieille" (en rouge sur l'illustration ci-contre). Usant de son statut, elle convainc le Second consul, devenu ainsi °son voisin de jardin°, de les faire arroser depuis le griffon de la Placette.
Ce griffon, construit en 1592 pour l'usage des habitants, est alimenté par la source de Fontanille (voir l'article du 14 juin 2018).
Las ! le griffon a vieilli ! Malgré plusieurs réparations et un entretien affermé par "prix-fait" (un entretien pas toujours très assidu de la part du fermier), le débit est faible et ne peut pas assurer cet arrosage.
La Baronne en a pleine conscience car, dans le même temps, elle suggère au Consul "d'envoyer quérir un maître fontainier qui est à la ville d'Anduze pour voir où est la faute des eaux qui découlent par le canal [...] de la source de la fontaine de Fontanille au Griffon ..."
Au conseil du 23 mai, un "expert" est dépêché à Anduze dès le lendemain. Le maître fontainier, venu au conseil du 27 mai muni de °ses références°, promet de "faire venir six fois plus d'eaux" ; il fournira et posera "les mourneaux" et la Communauté creusera le fossé nécessaire.
Pour ces travaux le fontainier demande 3 livres (≈ 77,50 €) par canne (≈ 2 m) ; le consul a proposé 1 livre 10 sols (la moitié) et la Baronne suggère de conclure à 2 livres par canne.
Après négociations, le consul annonce au conseil du 30 mai avoir conclu pour 600 livres (300 cannes à 2 livres ; ≈ 15 500 €) avec paiement de 150 livres avant le commencement des travaux. Les habitants approuvent et on demandera l'autorisation d'imposer cette somme.
Au conseil du 28 juillet suivant, après que le maître fontainier se soit plaint à la Baronne de ne pas avoir été payé et que rien n'ait été commencé, on décide d'envoyer à celle-ci un député pour prendre son avis sur la façon d'opérer et en obtenir un prêt.
Mais la Baronne ne prête rien et recommande au Consul d'employer °la manière forte° (sanction financière pour les défaillants) pour faire travailler "habitants et manants demeurant au présent lieu".
Au conseil général du 4 août, les habitants décident de "bailler le travail à prix fait". Le 11 août, ils chargent le collecteur d'impôts d'emprunter les 150 livres pour payer le maître fontainier ; mais faute d'argent trouvé pour le prix-fait, ils décident que le fossé sera creusé par "les habitants et manants", chacun "pour sa portion", suus peine financière de 12 sols (≈ 15,50 €) par jour de défaillance.
Au conseil du 5 mai 1642, le maître fontainier demande le paiement du solde qui lui est dû (450 livres) après achèvement des travaux.
Mais les habitants décident de ne lui en payer °présentement° que la moitié, en attendant la vérification que le travail est "bien et dûment fait", le mesurage de la longueur de "mourneaux" réellement posés et la désignation par le fontainier d'une caution "dans le présent lieu" pour le contrat de prix-fait pour l'entretien du griffon pendant 5 années.
Au conseil du 7 août 1642, le maître fontainier n'est toujours pas payé et menace la Communauté d'un procès. Un procès de plus pour défaut de paiement ... Et une autre histoire ...
La maison du jardinier de la Baronne
L'achat sera conclu devant le notaire Pierre de Fabrique et le changement trancrit au compoix en mars 1644.
Dans le même temps, les habitants décident d'acheter la cour de cette maison pour y "mettre [au griffon] des pilles pour abreuver le bétail".
Puis, dès le début du mois de mai 1642, après avoir reçu une °lettre comminatoire° de la Baronne, ils travailleront à la construction du réservoir. En août 1643, le canal du Griffon au jardin est fait mais le réservoir n'est pas encore achevé.
À suivre
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