En continuation de l'article précédent, il m'a paru opportun
d'actualiser et rajeunir mon article du 27 septembre 2021
repris en date de novembre 2021 de façon partielle, approximative et partiale
sur le site Internet d'una association locale.
Où était-il ?
Une question qui agite depuis longtemps l'esprit des "Historiens Anciens de Calvisson".
Parmi les anciens, certains le situent dans le bâtiment abritant actuellement le restaurant "Carpe Diem" ; d'autres le situent "rue Baratier", sans autre précision. Mais aucun n'apporte de preuve tangible à sa théorie ... Et puis ...
En début d'année 2021, la Mairie a fait numériser plus de 30 000 pages de documents anciens déposés aux Archives départementales.
Parmi ceux-ci, le compoix -ancêtre du Cadastre- dit de 1588 -année où sa confection fut commandée à Jehan Lartigue ; il fut vraisemblablement achevé beaocoup plus tard, car le Consul Anthoine Rabinel le reçut en janvier 1598 quand il alla le chercher à Montpellier (V°Brozer)-, où l'on trouve le compte recensant les possessions de "la Ville et Communauté" (V°Brozer), dont voici extrait :
On peut ainsi y lire -paragraphes surlignés- :
- "Plus un maison servant de temple près du pont confronte du levant Guillaume Portales couchant la carriere vent droit le Sieur Freton midi le moulin à huile de la communauté contient onze dextres (≈ 220m²) estimé ..." et
- "Plus un moulin à huile joignant ledit temple confronte du levant Guillaume Portales couchant & marin les carrieres vent droit le temple susdit estimé ..."
Et au compte de Guillaume Portales : "un jardin au pont confronte du levant Dournin Allier couchant le moulin de la ville vent droit Louis de Freton midi le pont" (V°Brozer haut de la page de gauche).
Puis, au compte de Dournin Allier : "un jardin au pont confronte du levant la rivière couchant Guillaume Portales vent droit Louis de Freton midi le pont" (V°Brozer haut de la page de droite).
Enfin, au compte des Hoirs de M. Freton : "un jardin à la Font Vielle confronte du levant la rivière couchant la carriere vent droit l'autre carriere midi la Communauté" (V°Brozer haut de la page de droite).
Ce qui permet de le voir tracé sommairement ainsi sur le plan Napoléon de 1835 :
Viennent s'ajouter d'autres éléments pour dénier que le bâtiment du Carpe Diem ait jamais été le premier temple protestant de Calvisson :
- ce premier temple fut installé dans ou près d'un moulin à huile appartenant à la Communauté ; tout le monde s'accorde sur ce point ;
- or le bâtiment abritant le "Carpe Diem" fut de tout temps un moulin à blé appartenant à "des particuliers", essentiellement la famille Valz.
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On trouve l'histoire de la construction du Temple dans les conseils consulaires des années 1590-1592 (un des registres numérisés par Brozer-Téléarchives pour la Mairie).
La première mention en est du 20 janvier 1591 : "il faut trouver un lieu -un emplacement-" (V°Brozer).
Jusque là, le prêche est fait dans le moulin à huile de M. Bartholomy De Fabrica (dans l'actuelle rue de l'Herboux).
Les 3 et 4 mars 1591, on décide que le temple pourra se faire dans le moulin à huile, aussi appelé moulin commun et/ou moulin de la ville (son nom "de baptême" est "Moulin des Armes" et/ou "Moulin des Âmes du Purgatoire") ; il a été mesuré et le terrain s’avère assez grand pour faire un moulin et un temple en même temps.
Guillaume Turc se propose pour le faire, au prix de 565 livres (≈ 36 000 €). Sa proposition est acceptée et le contrat passé devant notaire.
Le 11 mars 1591, Jehan Barre et Claude Nozieres, deux habitants, font valoir leurs droits et titres sur le moulin et contestent : le temple prendrait les deux tiers du bâtiment et le tiers restant serait trop petit pour leur permettre de continuer à en faire un moulin.
Ils semblent avoir raison, car une vigne de quatre journaux, assise à Girondelle, leur est allouée en compensation (il y aura problème car cette vigne appartient à l’hôpital des pauvres).
La Communauté manque d'argent ... Alors, les 24 février, 18 mars et 24 mars 1591, le capitaine Saurin, rentier de l’église, prête 400 livres (≈ 25 000 €) pour la construction du temple et, sur sa demande, cinq habitants s’engagent envers lui en garantie, sur leurs deniers personnels.
Les 12 et 15 mai 1591, M. de Fabrica demande que la ville paie la taille pour son moulin et même d’avoir salaire ou récompense pour que le prêche y continue.
Les consuls demandent alors au pasteur s'il accepterait d'aller prêcher au "temple vieux" (vraisemblablement l'église Saint-Saturnin). La réponse semble être favorable puisque les habitants sont alors appelés à réparer ce "temple vieux", sous peine d'amende.
Le 14 juillet 1591, est à vendre un jardin voisin, appartenant aux héritiers de Dournin Allier, qui permettrait d’agrandir le temple. Le conseil refuse d’acheter.
Puis, le 18 août 1591, en conseil général, les consuls renouvellent leur proposition d'achat de ce jardin ; mais les habitants maintiennent leur refus. On n’agrandira donc pas le temple.
De septembre 1591 à septembre 1592, la construction avance, mais lentement...
Des difficultés sont rencontrées avec Guillaume Turc ; il y a des malfaçons.
On fait construire des ajouts au moulin à huile pour Barre et Nozieres : une étable, un grenier à olives.
Puis une "casadouïre" (une cuve posée à la sortie des meules pour décanter le mélange eau-huile) est achetée pour le besoin de l'exploitant du moulin.
Fin 1592, le temple n’est pas achevé.
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Le registre des délibérations consulaires des années 1593 à 1595 ne nous est pas parvenu. Mais le 10 mars 1596, un conseil général est tenu dans le temple à l'issue du prêche.
Malgré son étroitesse (constatée déjà en janvier 1601) et le bruit du moulin voisin, le temple sera servi jusque dans les années 1647-1648, quand un nouveau temple, plus grand, sera construit, à l'emplacement du temple actuel.
Progressivemenr démoli pendant les années 1649-1650 pour servir de matériaux de construction au nouveau temple, son "plat fonds" sera vendu, après plusieurs mises aux enchères infructueuses, en décembre 1653 à Jean Jaumeton, maréchal-ferrant, habitant voisin.
Un nouveau bâtiment y sera construit plus tard, dans lequel Philippe-Laurent de Joubert, Trésorier des États du Languedoc, installera dans les années 1780 une fabrique d'eau-de-vie où seront menées des expériences -concluantes- pour augmenter la production et en améliorer la qualité.
C'est aujourd'hui, au début de la rue Baratier, une simple remise, au rez-de-chaussée d'un immeuble d'habitation.
Un espoir, peut-être ... La Mairie faisant apposer un "plaque-souvenir" rappelant cet événement marquant de l'histoire de la Ville. Pour exemple :