Au conseil général du 28 avril 1644, une délibération qui pourrait sembler anecdotique ... Mais, fait exceptionnel et solennel, elle est proposée par les deux consuls ensemble (généralement, la proposition n'est portée que par le 2nd consul R.P.R.) et soumise à l'approbation préalable du Viguier (présent au conseil), signe de son importance :
il sera dorénavant interdit de faire "dépaisser" (= paturer) les troupeaux de chèvres dans la garrigue du consulat ; ceux qui voudront élever des chèvres pour leur lait devront les tenir en permanence "à l'attache".
Motif de la proposition : la garrigue, de superficie peu étendue à Calvisson, est tout juste suffisante pour fournir le bois nécessaire au chauffage des fours communs ; les chèvres dévorent tout, ce qui en outre interdit de produire et récolter le vermillon.
Le vermillon ... Une couleur rouge pour teinter les tissus, fort prisée depuis au moins l'époque romaine, et fort chère, alors produite uniquement à partir de la °récolte° de la cochenille du chêne kermès, °récolte° réservée aux "habitants et manants" les plus pauvres de la Ville.
En juin 1646, les habitants feront acheter par le 2nd consul pour 200 livres (≈ 4 500 €) de vermillon qui sera offert au secrétaire du Maréchal de Schomberg (alors Gouverneur du Languedoc) pour le remercier des "peines et vaquations qu'il avait exposées en diverses affaires ... au profit de cette communauté, ... de quoi il nous a voulu rien prendre".
Cette interdiction des troupeaux de chèvres sera étendue par le Marquis à l'ensemble du marquisat et par le Viguier à l'ensemble de la viguerie.
L'interdiction sera rappelée en conseil général en février 1654, quand deux habitants de Saint-Côme feront pâturer de grands troupeaux de chèvres dans les garrigues de Maruéjols.
Ceux de Calvisson décideront alors de poursuivre les °contrevenants° devant les officiers ordinaires du Marquisat et devant le Sénéchal de Beaucaire & Nîmes "jusqu'à un arrêt définitif".
Le procès sera continué, sur appel des °contrevenants° condamnés en première instance, devant la Cour de Castres ; les deux habitants de Saint-Côme y seront définitivement condamnés en septembre 1654, l'un à 30 livres (≈ 680 €) d'amende et à 30 écus (= 90 livres, ≈ 2 000 €) de dépens, l'autre à 40 livres (≈ 900 €) d'amende et 30 écus de dépens.
Les habitants de Calvisson chargeront le 2nd consul de faire exécuter les arrêts obtenus à Castres, refusant ainsi la rémission de peine sollicitée par les condamnés.
Bonjour,
RépondreSupprimerMerci pour ce nouvel article !
François de Fabrique