samedi 20 mai 2023

Où il est question de château(x)

Deux trouvailles récentes m'interpellent ...

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En janvier 1791, le greffier municipal reçoit deux "déclaration d'herme" pour la mise en culture de vacants voisins sis "lieu dit Sur les Costes et entre Les deux Châteaux", les deux pièces confrontant "du midi le Chemin haut de Congénies" (V°Brozer).

Difficile de situer ces pièces ... Les mises en culture étant alors exemptes de tailles et autres impositions, les pièces ne sont pas recensées dans les compoix ; et elles étaient auparavant des "vacants communaux", non plus recensés individuellement.
Quant au "chemin haut de Congénies", pourrait-il être le prolongement de l'actuel "chemin de Guillaume de Nogaret" qui, effectivement, mène in-fine à Congénies ?

En tout cas, les appellations de 1791 laissent clairement apparaître la mémoire de 2 châteaux.
L'un est bien connu et situé : le château °Louet 1597° dont les vestiges sont encore visibles. Reste à trouver l'emplacement du second, vraisemblablement le château °Bernard-Aton An Mil° ...

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Le début de l'année 1798 fut agité dans notre Ville ... "Rassemblements tumultueux, lectures publiques séditieuses, provocations anti-républicaines" ...
À tel point que le "bureau municipal provisoire" en rédigea deux procès-verbaux, dont un du 22 mars 1798 mentionne le château (V°Brozer).

On peut y lire : "... sur la montagne qui domine notre commune à la distance de la portée d'un coup de fusil il y a un vieux château qui, quoique découvert, a des souterrains et des pièces au rez-de-chaussée sous lesquels on peut s'y mettre à couvert du mauvais temps ..." [suit l'exposé des agissements néfastes de "cinq anti-républicains ... qui s'y rendent presque journellement" et de leurs familles].

Ces troubles feront l'objet d'un billet, peut-être, un jour prochain ... Aujourd'hui, je m'attache à la description du château.

Emplacement et distance désignent avec certitude le château °Louet 1597° ; "découvert", donc sans toit. Et "des pièces au rez-de-chaussée sous lesquel[le]s on peut se mettre à couvert", j'en déduis : rez-de-chaussée plus étage, plancher entre les deux et, donc, murs assez élevés pour les deux niveaux.

Conclusions subséquentes : le château n'avait pas encore été arasé, n'avait pas encore servi de carrière de pierres, et un moulin à vent (dont le procès-verbal ne fait pas mention) ne pouvait pas y avoir été installé (manque de place pour les ailes) ...
Le moulin-mausolée visible aujourd'hui sur l'assise du château n'est donc pas celui "de Valz" qui aurait été construit en 1714 (théories des Historiens Anciens de Calvisson) ...

Mais les "souterrains" sont mentionnés, semblant valider ce qui ressemble aujourd'hui à une légende ... Reste à trouver °où, d'où vers où° sont et vont ces souterrains ...

 

 

samedi 6 mai 2023

"Hôtel de Montpezat", une appellation non fondée ?...

Au 41 de la Grand-rue, une porte ancienne (fronton brisé à oculus, pilastres toscans ... style ?), peut-être la plus ancienne de la ville, donne accès à un immeuble lui aussi très ancien.
Selon certains *Historiens Anciens de Calvisson*, ce serait là l'hôtel du Marquis de Montpezat, neveu du Marquis de Calvisson et "légataire" du régiment éponyme (voir ici). .......... Mais ......

M. de Montpezat apparait à Calvisson, vraisemblablement vers l'année 1640, quand il "hérite" du régiment de Calvisson (voir son compte au compoix "de 1588"), comme ayant droit (je n'ai pas trouvé à quel titre) de Jacques (?) de Fontibus, docteur et avocat, habitant de Nîmes et propriétaire de nombreux biens à Calvisson (V° Brozer).
On retrouve Montpezat au compoix de 1664 (compte à son nom), imposé pour 4 articles °bâtis° et 90 °non batis° (V° Brozer). Parmi les °bâtis°, la "maison et court à la rue droitte (le nom alors de cette partie de la Grand-rue) ... contient de couvert sept dextres un quart (≈145 m²), de court deux tiers de dextre (≈13 m²)" est d'une contenance visiblement trop faible pour cette maison °41° (voir l'illustration ci-dessous sur le plan Napoléon de 1835).
La plupart de ces biens seront cédés dans les années 1702-1704.

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Le compoix de 1588 mentionne, à l'endroit de ce °41°, "une maison estable court et jardin ... contient la maison treize dextres (≈260 m²) la court et porche onze (≈220 m²)" : elle est la propriété de "Maistre Anthoine Merignargues, Viguier" ... et °notaire royal° de Calvisson (V° Brozer).
Cette maison sera divisée, remaniée et, peut-être, reconstruite partiellement au début des années 1640.

Au compoix de 1664, la partie de maison restant visible aujourd'hui (150 m² de bâti et 250 m² de cour) appartient à Antoine de Marc, seigneur de La Calmette (V° Brozer), qui la "remet" à la Communauté en juillet 1665. Puis, en janvier 1672, elle passe au compte des "Habitants faisant profession de la Religion Prétendue Réformée" (V° Brozer) ; en février 1680, elle est vendue à "Pierre Raoux, fils de Honnoré".

Tout au long du règne de Louis XV et de ses nombreuses guerres, la maison, toujours propriété de la famille Raoux, est prise en "arrentement" par la Communauté (30 livres {≈650→550 €} par an de 1715 à 1730 [V° Brozer] p.ex.), et fréquemment réparée, pour servir de logement aux officiers des diverses troupes (le plus souvent 2 compagnies d'infanterie) qui séjournent régulièrement dans la Ville.

Au cadastre Napoleon, la maison est au nom de Madeleine Perillier, veuve de Louis Raoux.