Les "trois moulins", au sommet de *la montagne* sont l'attraction touristique, méritée, et l'emblême du village. Tellement qu'ils sont aujourd'hui les *armoiries modernes* de la commune.
Trois moulins assis au sommet du "Roc de Gachone" ... Une appellation récente, apparue au cadastre Napoléon de 1835 : un quartier de la "section E des Moulins à Vent", qui a pour voisins "Champs de Perdrix", "Paloquine" et "Les Costes" (aussi section E), et "La Bagarède" (section G).
Les *Historiens Anciens de Calvisson* se sont attelés à trouver une étymologie occitane ou provençale à ce nom (un raisonnement anachronique ? cette langue n'est redevenue *à la mode* que dans la seconde moitié tardive du 19è siècle) ; et ils sont arrivés à "agachoun" (ou approchant), un vocable occitan/provençal censé désigner "un poste de guet" ("agachil" en occitan médiéval).
Restant plus simples, ils auraient pu trouver et élire "gachon", vocable aussi occitan médiéval, qui signifie "garde, sentinelle" ...
Mais ... Dans les registres anciens, compoix, délibérations consulaires, notaires, antérieurs à la Révolution, "gachon" et tout ce qui y ressemble n'existe pas.
*La montagne* y est appelée "puech (parfois "pioch") de la Bade" (parfois "du moulin à vent").
Au cadastre élaboré en 1791 (V° Brozer), elle est nommée "Montagne des moulins à vent", incluse dans la sixième section du territoire communal.
Au compoix dit "de 1664" elle est la base de la première clauzade, nommée "du puech de la Bade" (V°Brozer). Au compois "de 1588", pas de division globale du territoire ; mais compte après compte, plusieurs "pièces", essentiellement des "olivettes", sont situées "au puech de la Bade". Toutes, dans ces deux compoix, confrontent en tout ou partie "les patus", parfois "le chemin", sans autre précision.
Le compoix diocésain de 1548, construit en "terroirs" (et non par propriétaire) et rédigé en grande partie en occitan patoisant, ne fait aucune mention de la colline (manque d'intérêt fiscal ?) ; elle est vraisemblablement englobée dans l'article "garrigues et patus ordinaires", qui regroupe les terrains non cultivés ni construits appartenant indivisément et indistinctement à l'ensemble des habitants de la Communauté / du Consulat de Calvisson.
Anecdote ... Au compoix de 1588, Marguerite Gachoune y est propriétaire d'une olivette (V° Brozer) de 700 m² sise *au milieu de nulle part* ; Gachoune ↔ Gachone : une coïncidence ?
Cette olivette sera cédée, après mise aux enchères, en octobre 1768 par la Communauté, qui en supportait la taille, comme "herme et inculte", bien abandonné de Marguerite Gachonne, à Simon Bachet, meunier, habitant de Calvisson. pour la somme de 19 livres (≈ 345 €).
Pendant toute cette période, les actes notariés et les baux consulaires de "vacants" mentionnent, quand nécessaire, que le bien est sis "au puech de la Bade".
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Aujourd'hui visibles les vestiges encore debout de trois moulins à blé (au couchant) et, plus discrètes, les fondations d'un quatrième (celui du levant).
Quatre moulins décrits et dessinés au cadastre Napoléon de 1835 (illustration ci-contre).
Leur histoire semble depuis lors fixée et bien connue (peut-être mériterait-elle d'être affinée).
En octobre 1765, François-Estienne de Bonafous (le sujet d'un prochain article ?) déclare, pour l'imposition du "vingtième noble" (un prochain article aussi ?), "jouir par acquisition des hoirs du Sieur Jean Arnaud, d'un moulin à vent sur la montagne appelée de la Bade", qu'il dit peu rentable (30 livres, soit environ 540 € par an), "à cause de quatre autres moulins à vent qui ont été construits audit lieu" (Merci à M. François de Fabrique pour la communication de ce document).
De quoi remettre en cause certaines dates de construction affirmées par les *Historiens Anciens* ? Et la preuve qu'il y eut pendant °un certain temps° cinq moulins sur la colline ...