C'est l'autre moulin "historique" de la Ville.
On en trouve, peut-être, la première mention dans un acte notarié de mai 1481 où "discret Bertand Freton" (le curé de Saint-Saturnin) et un autre habitant vendent "des revenus à prendre sur un moulin à huile sous l'église" de Calvisson.
Et, assurément, un acte notarié de novembre 1542 : les consuls et le recteur des biens des Pauvres de l'Hôpital arrentent (donnent en location pour exploitation) ce "moulin de la Ville et des Pauvres".
Au compoix diocésain de 1548, le moulin est ainsi identifié : "au Pont, la Communauté et l'Hôpital des Pauvres, un moulin à huile avec tout son garniment et puits, confronte du levant (est) avec la rivière, couchant (ouest) et vendroit (nord) les carrieres ..." ; accolé au sud, se trouve le jardin "de l'Hôpital".
Plus tard, pendant la période troublée des premières guerres de religion (1565-1585), le moulin fut "complètement incendié". En 1586, les consuls baillent à Dournin Valz, charpentier, la reconstruction du moulin. Deux événements rapportés en 1713 par le Notaire Antoine Petras, Procureur des Pauvres, dans le Terrier du Bureau de Charité.
En mai 1590, ledit Dournin Valz demande aux consuls d'évaluer le moulin "de l'Hôpital" qu'il vient de faire construire, probablement pour estimer la rente (la pension) due à l'Hôpital pour les Pauvres (délibérations consulaires).
Au compoix dit de 1588 (vraisemblablement 1588-1592), le moulin apparaît bien inscrit au compte de Dournin Valz : "un moulin à huile près du Pont, confronte du levant la rivière, couchant et vent droit les carrieres et midi le jardin de l'Hôpital".
Le "Moulin de Valz" -Dournin, Pierre, Claude, puis Isaac, puis François, Ministre de l'église d'Aimargues, ...- est au fil du temps, vendu par parts ; au compoix de 1664, il est partagé entre douze copropriétaires.
Parmi eux, le notaire Jean Mazel "qui était un très habile homme auquel tout le monde avait de la confiance et tout ce qu'il disait passait pour des sentences et arrêts irrévocables (sic scribit Antoine Petras) [et avait] dit aux autres contenanciers qu'il ne fallait plus payer cette pension [à l'Hôpital] car les pauvres seraient bien en peine de prouver leur titre".
Après une longue procedure judiciaire, Antoine Petras fit condamner tous les propriétaires à payer toutes les annuités omises et, pour obtenir paiement, fit saisir leurs biens en cette année 1713.
Le moulin ne fait plus parler de lui ensuite.
En août 1766, Claude Vincent Granier, fabricant d'eau-de-vie, rachète toute les parts du moulin. Son compte au compoix de 1664 est ouvert lors de la révision de mai 1769 et mentionne la propriété entière du moulin ; il est annoté, en marge, de la mention "est la maison neuve".
C'est vraisemblablement la "maison Margarot". On n'a pas encore pu établir la date de cette annotation, mais le compoix de 1664 a été tenu à jour et annoté jusqu'en 1790 et aucun changement de propriétaire n'est mentionné pour cet article.
Claude Vincent Granier, dit "Vincent fils d'autre", est alors le "chef" d'une très ancienne famille de Calvisson (un aieul Laurent Granier est cité en 1514), famille très riche ; il est par ailleurs propriétaire du Domaine des Bouillens à Vergèze.
En février 1770, les consuls "baillent plusieurs réparations à faire à la Ville" ; ces travaux, "très considérables", se poursuivront au moins jusqu'en 1776.
Parmi eux, l'élargissement "du pont vers l'église, ... de treize pans (≈ 2,90 m) en direction du sud", article de travaux où est spécifié que "les gorgues qui servent pour conduire les eaux au moulin à huile seront changées tout le long dudit pont".
Ainsi donc, dans ces années 1770-1776, il y avait toujours là, au sud du pont, "le Moulin à huile des Pauvres de l'Hôpital", qui restera la propriété de Claude Vincent Granier, fabricant d'eau-de-vie, au moins jusqu'en 1790. La "maison Margarot" ne sera construite que (beaucoup) plus tard.
Reste à trouver quand et pour quel usage ... Je ne désespère pas d'y arriver.