mercredi 7 juillet 2021

Quand Calvisson tournait le dos à la Vaunage

En février 1780 (V°Brozer), le Diocèse de Nîmes informe nos consuls de son projet : ouvrir un chemin depuis Saint-Dionisy pour rejoindre le nouveau chemin qui relie Calvisson à la grande route de Nîmes à Montpellier, en passant près des Baraques de Codognan.

Quoique "on tire du côté de Marsillargues, Aimargues, Le Cailar et  Saint-Laurent, et autres du pays bas", le Conseil politique approuve ce projet "pour faciliter l'exportation des eaux-de-vie et autres denrées de Saint-Dionisy, Clarensac, Caveirac, Langlade et autre lieux du circumvoisinage au Canal de Lunel [et] l'importation des grains nécessaires  à la subsistance des habitants, de même que pour le fourrage nécessaire aux bestiaux".

Mais ... il y aura "des indemnités à payer pour prendre le terrain nécessaire sur les fonds des particuliers". Alors le conseil met pour condition que "le montant des indemnités [soit limité] au fond qui sera pris dans le territoire de Calvisson".

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La carte de Cassini (illustration en cartouche) est éloquente : Calvisson ne communique facilement qu'avec les villes du sud et les autres villages de la Vaunage sont bien enclavés.

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En mai 1781 (V°Brozer), nos consuls soupçonnent ceux de Saint-Dionisy d'avoir intrigué auprès du Diocèse pour obtenir un tracé qui leur soit plus favorable au détriment des habitants de Calvisson : [entre autres] ... le chemin, sur Calvisson, ne sera empierré que sur deux toises et demi et douze pouces (≃ 5 mètres) alors que Saint-Dionisy aura trois toises (≃ 6 mètres) ... et le pont à construire sur le Rhôny, à une seule arche, risque d'augmenter les crues du Rhôny et de créer des inondations sur le territoire de Calvisson, "qui se trouve plus bas".

Le Conseil politique en "fait représentation" au Diocèse par écrit. Ayant reçu réponse aussi écrite du Syndic du Diocèse, le Conseil, apparemment rassuré, "laisse à la prudence et sagesse de MM. les Commissaires du Diocèse ... de faire ce qu'ils jugeront de plus convenable" (juillet 1781 - V°Brozer).

Le chemin est ouvert à la circulation en mai 1784. En août 1784, un arpenteur est nommé pour expertiser et évaluer les indemnités à verser aux particuliers pour la perte de leur terrain. Le rapport de l'expert est remis en octobre 1784 : 10 particuliers sont concernés pour une indemnité totale de 400 livres 12 sols et 6 deniers (≃ 6 200 € - V°Brozer).

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Le Diocèse avait envoyé un tracé du chemin à nos Consuls. Il est peut-être aux Archives départementales et il sera peut-être accessible un jour après numérisation.

Au plan du cadastre Napoléon, "terminé sur le terrain le 1er août 1835", il n'y a qu'un "chemin de Calvisson à Saint-Dionisy". Il est reproduit sur une carte IGN moderne, restituée en noir et blanc pour une lecture plus facile, dans l'illustration ci-contre.

Ce chemin fut-il "un déclencheur" ? En février 1785 le Conseil politique constate que "la Ville est dans le centre de la Vaunage", que "les chemins sont impraticables, ... ce qui empêche le commerce d'avoir toute son activité", et en conséquence demande au Diocèse d'ouvrir ou de rouvrir après réparations trois chemins qui lui semblent essentiels.

Cette "petite histoire" sera pour un autre billet.

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