Portrait par Jacques-Louis David vers 1786 Collection Musée Fabre, Montpellier |
Philippe-Laurent de JOUBERT (1729-1792) était Trésorier des États de Languedoc, une "charge" de l'Ancien Régime fort rémunératrice, tenue dans sa famille depuis les années 1600.
Châtelain du Bosc, sur la commune de Mudaison (Hérault), il était propriétaire à Calvisson d'une fabrique d'eau-de-vie.
En 1780, il y fit venir Ami (Aimé) ARGAND, physicien et chimiste de Genève, un inventeur éclectique comme il en existait alors. Accompagné de son frère aîné Jean, également physicien, ARGAND vint tester un système qu’il avait mis au point pour augmenter la quantité d’alcool produite à partir des vins passés à l’alambic et en améliorer la qualité.
Le résultat fut concluant et JOUBERT, durant les années 1781 et 1782, installa les deux frères dans une fabrique plus grande qu’il possédait dans son domaine de Valignac à Mudaison.
Il leur acheta les droits d’inventeur et les frères rentrèrent à Genève.
La Révolution fut fatale à la fortune de JOUBERT, qui mourut criblé de dettes après avoir prêté (sur les fonds publics ?) à des prélats et aristocrates exilés. Ses héritiers furent contraints d’abandonner tous leurs biens et droits à la République (transaction du 26 Germinal An II - 15 avril 1794), parmi lesquels les domaines du Bosc et de Valignac ainsi que les immeubles de Calvisson.
L'inventaire des "effets concernant la grande fabrique d'eau-de-vie que fut [feu] Joubert avait faite et établie dans ce lieu" fut dressé, sur réquisition de la municipalité, en début janvier 1794 par "le citoyen Jean Jaumeton ayné, négociant" (V° Brozer).
Ces bâtiments situés à Calvisson, estimés 20.009 livres, dans lesquels se trouvait donc une distillerie de vin, furent vendus comme biens nationaux le 7 Messidor An III - 25 juin 1795 à Jacques MICHEL (sans autre précision) pour 248 000 livres.
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Où étaient situés ces bâtiments ? Une fiche de la Direction Régionale des Affaires Culturelles établie en 2011 pour le classement de la Maison Margarot (que certains pensent avoir été construite par JOUBERT -thèse très douteuse au regard des documents anciens numérisés en 2021-) rapporte "une distillerie d’eau-de-vie près de la place du pont de l’église". Sans plus de précision …
Alors, … Au hasard de recherches diverses, une trouvaille.
Dans le Journal du Gard du 30 janvier 1808 (ici, page 6), la publication d’une vente judiciaire des immeubles saisis sur Pierre-André Reboul, fabricant d'eau-de-vie en faillite, demeurant à Calvisson, parmi lesquels figure "dans l’état des sections (vraisemblablement le cadastre °révolutionnaire° établi en 1791), ... à la cote Joubert, négociant de Montpellier, ... une fabrique d'eau-de-vie, cellier, cour, jardin et dépendances, contenant 3 ares 60 centiares ...".
Puis, toujours dans le Journal du Gard, du 13 août 1808 (ici, pages 6 et 7), la description des immeubles "Joubert" finalement saisis et à vendre : "une pièce au rez-de-chaussée, servant de magasin, rue de Baratier ; après ladite pièce, un grand local couvert où il y a un puits dans lequel se trouve une pompe en cuivre pour puiser l’eau, fixée dans le mur ; plus une autre pompe, aussi en cuivre, à gauche, qui est dans une cuve en pierre pour soutirer le vin ; plus sur la droite, deux cuves en pierres bâties à chaux, lesquelles contenant 3 serpentes, ... ledit local couvert prenant jour sur la rivière ; plus à gauche dudit local couvert, un jardin et cour donnant sur la rivière et la rue de la Font-Vieille …".
Cette description permet de les situer comme suit sur une photo aérienne IGN d'aujourd'hui :
Reste maintenant à trouver comment "on passe" de Jacques MICHEL en juin 1795 à Pierre-André REBOUL en janvier 1808 …
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