lundi 21 octobre 2024

Bédilhan, Capellan, des cabanes intrigantes, mystérieuses ...

L'allégation (affirmation non fondée sur des preuves) d'un *Historien Ancien de Calvisson* sur son site Internet (ici) m'intrigue depuis le début de mes recherches sur l'histoire de notre Ville  :
"1318 : Le Seigneur d'Uzès, qui possède encore la basse justice sur Congénies, marque son hostilité envers Raymond de Nogaret, qui possède la moyenne et haute justice, en faisant enlever, par la force des armes, deux des consuls de Calvisson : Jean Coiran et Guillaume Montredon, à la cabane de Bédilhan. Plainte est portée par les habitants de Calvisson, auprès de la Cour Royale de Nîmes."

Question première : où était (est aujourd'hui) "la cabane de Bédilhan" ?... Sur le site Internet de cette allégation, pas de réponse ni de simple début de renseignement...

Eugène Germer-Durand, dans son Dictionnaire Topographique du département du Gard (1868 - V° Gallica), cite "Bedilhan, lieu détruit, commune de Calvisson" avec moult références livresques mais sans aucune précision sur l'emplacement.
Le site Internet DicoTopo reprend ces éléments en texte et les transcrit, dans un raccourci hâtif, par une image ... qui relève de l'erreur historique : "Vedian" (déformation de "Bedilhan"... peut-être...) n'est apparu ici qu'au cadastre Napoléon (1835) ; on était auparavant à "Beaujac" (autres graphies connues : Baujac et Bauzac)

Au compoix diocésain de 1548 (V° Brozer), rédigé en langue d'Oc, un peu compliqué à lire (graphie) et à comprendre (abréviations, ellipses grammaticales), "Bedilhan" (Vedilhan ?) est cité dans le livre 1 pour trois quartiers (terrado) :
- Bedilhan (vues 10→11, 8 °pièces° pour 402 cannes carrées [≈ 6300 m2]) : les confronts *géographiques° y mentionnés sont "la rivière" ("de la Roque de Bedilhan" ? - voir page 9 précédente) au sud des °pièces°, et "le valat del Riau" à l'ouest ;
- Rocques de Bedilhan (vues 28→30, 18 °pièces° pour 581 cannes carrées [≈ 9100 m2]) : les confronts sont "le chemin de Sauvignargues (Souvignargues)" au sud, "le chemin qui va à Sauvignargues" aussi au sud, "le valat do/del Riau" à l'ouest & au nord, et "la rivière" au nord ;
- Bedilhan (vues 100→109, 59 °pièces° pour 5050 cannes carrées [≈ 79200 m2], vraisemblablement la suite du premier au vu des confronts, et ce sont les mêmes "estimaïres" qui ont œuvré ici le surlendemain 23 mai 1548) : les confronts sont "le valat del Riau" à l'ouest, "le chemin qui va à Calvisson" de tous côtés au fur et à mesure des °pièces°, "l'aygalade de la Ville" aussi de tous côtés selon les °pièces°, "le chemin de Calvisson" au nord, "le chemin qui va de Saint-Étienne à Calvisson" à l'est & au nord, "la rivière" au sud, et "la carriere de la Baguarede" à l'est (dernières °pièces°).

J'ai en mémoire (sans pouvoir le justifier aujourd'hui) que nos consuls se rendaient à Congénies pour y rencontrer leurs homologues.
Si mon interprétation des confronts est correcte, et en supposant que les appellations de 1318 et 1548 désignent les mêmes lieux, l'illustration ci-contre résume la situation.
Le tracé bleu représente le trajet qui aurait été accompli par nos consuls depuis le village ; le tracé violet montre le trajet vraisemblable de l'incursion, finalement peu °envahissante°, des gens d'armes du Seigneur d'Uzès.

Et au compoix de 1588 j'ai truuvé la mention "Vedilhan autrement Largellier". Le nom d'un quartier de cette zone, qu'on retrouve tant au cadastre Napoléon qu'au cadastre actuel.
Reste à trouver "la cabane" ... de Bedilhan.


Pour "la cabane du Capellan" (du Chapelain en français d'aujourd'hui), la question est tout autre. L'emplacement du lieu-dit est bien visible sur les plans actuels, apparemment sur notre commune, mais sur son site Internet (ici) la Mairie de Congénies se l'approprie en la situant *ailleurs*, ... sur son territoire.

De mes souvenirs de promenade, la cabane serait située selon l'illustration ci-contre :

Mais la vraie question est ailleurs : pourquoi la cabane "du capellan" ?

Les délibérations consulaires font état d'un "cappellan" au conseil du 26 janvier 1624 (V° Brozer) : le consul "propose" qu' "est venu en ce lieu un cappellan lequel avait été (disait-il) par MM du Chapitre de Nîmes [député] afin de demeurer en ce lieu pour y faire leur service qu'ils appellent la messe, et à ces fins demandent aux habitants qu'on lui pourvoie d'une maison pour y faire sa demeure et qu'ils la paieront" ... les habitants font répondre par le consul "que s'il veut une maison, à lui de la chercher, vu qu'on ne temporiserait point, mais que nous ne voulons nous en mêler."

Comme on écrivait dans les romans-feuilletons ...
À suivre...