Une église ? Une simple chapelle ? Un prieuré ? Quel qu'il soit, un édifice religieux purement °littéraire° ...
On trouve la première mention d'une "église de Radic" dans un accord ecclésiastique de 1149 (rédigé en latin) : Aldebert [d'Uzès et de Posquières], évêque de Nîmes, la concède [parmi nombre d'autres] à Jourdain [de Montboissier], abbé de La-Chaise-Dieu (Ménard - Histoire ... de Nîmes - T. VII, Preuves des additions, p. 719).
"Stephanus de Calvissione" -curé ?- souscrit à cet accord, avec nombre d'autres.
Puis on trouve un °prix-fait° de décembre 1497, rédigé en latin médiéval, chez le notaire Jacques Robin de Calvisson : Claude Guilhot, prieur de Sainte-Eulalie-de-Razic, baille à Benoît Bargot, tailleur de pierres de Calvisson, la reconstruction de l'église "ancienne" et la construction en appui d'une chapelle à aménager de façon à ce que les pèlerins puissent y déposer en permanence leurs offrandes à Sainte-Eulalie (Inventaire des archives antérieures à 1790 - É. Bligny-Bondurand, archiviste au Département du Gard - 1909 - V°Brozer)
Ainsi donc, il y avait à Razic dans ces années 1500 un prieuré, une église et une chapelle.
Mais où est Razic et où étaient ces édifices ?
E. Germer-Durand, dans son "Dictionnaire topographique" paru en 1868, situe Razic -lieu-dit de Calvisson- sur la commune d'Aigues-Vives..., le confondant ainsi avec Razil -ruisseau intermittent se dirigeant finalement vers Gallargues-le-Montueux- ... Une méprise corrigée depuis ... par d'autres.
La liste et la carte des sites archéologiques connus de la D.R.A.C., annexées au P.L.U. de la commune, mentionnent au lieu-dit Razy un site nommé "l'Église" (entité n° 20) daté du Moyen-Âge et comprenant des vestiges "église et occupation" (en beige sur l'illustration en tête de l'article).
Dans un Rapport [sommaire...] de Prospection sur la Vaunage, Anne Parodi, Disciple des ✶Historiens Anciens de Calvisson✶, se base sur une Charte [Cartulaire de Nîmes] datée de 1011 où "Amelius, clericus de Radico" est mentionné, sur l'appellation locale "vigne de l'église" et sur sa découverte au voisinage de quelques fragments de céramique qu'elle date des 10è-12è siècles, pour situer péremptoirement l'église dans ce lieu (en violet sur l'illustration).
Et puis ... Les compoix (ancêtres du Cadastre) de Calvisson ont été numérisés en janvier 2021 ...
Au compoix diocésain de 1548, on trouve "au terrador [terroir/territoire en occitan médiéval] de Razic" (il existe par ailleurs un "terrador de Sainte Aularye") des terres et des vignes qui confrontent, certaines le chemin de Saint Aularie et les pattus communs, d'autres le cimetière de Saint Aularie et les pattus, d'autres encore l'église de Saint Aularie et le chemin de Saint Aularie et/ou le chemin de Vergèze ; l'église apparaît ainsi dissociée de "son" village.
L'une de ces pièes est vendue "terre assise au terroir de Razic, confrontant au levant avec l'église de Sainte-Heulalie, au couchant avec la rivière de Rhôny". On la retrouve au compoix de 1588 "terre à Saint-Aularie, confronte du levant la ruine du temple (on appelait alors "temple" tout édifice religieux, catholique ou protestant) du couchant le Rhôny ...".
Ces éléments permettent de jeter un doute sur l'appellation "Église" de l'entité D.R.A.C. et semblent discréditer totalement "l'emplacement Parodi".
Mais ils ne permettent pas de fixer de façon précise l'emplacement de l'église, qui se trouve °à l'est proche du Rhôny°... Peut-être que mon ami Nicolas Lawriw, paléographe émérite et grand explorateur des documents de cette période, pourra un jour nous éclairer...
Ils permettent cependant de fixer le temps de la disparition de l'église et de sa chapelle : entre 1548 et 1588, période de 40 ans qui a connu les premières guerres de religion.